Par Jean-Paul :
Le week-end des 10 et 11 mai 2025, j’ai participé pour la 2è fois consécutive à l’open de St-Brieuc.
C’est un petit tournoi sans prétention, sans très forts joueurs, sans grandes conditions de jeu, sans chauffage d’ailleurs, et la cadence de 60’+30 » par coup n’est pas trop à mon goût mais, par contre, c’est l’occasion pour moi de passer deux bonnes soirées avec mon beau-frère qui habite St-Brieuc, grand amateur de bons vins et de bonnes bouffes !
L’année dernière, j’avais réalisé une piètre performance avec 4 nulles et 1 défaite, lâchant 30 pts Elo au passage. En fait, j’avais très mal appréhendé la cadence en jouant soit trop lentement pour finir par gâcher des positions gagnantes, soit trop vite devant ensuite cravacher pour sauver des situations compromises.
Cette année, j’ai pris plus de plaisir à jouer cet open, en mode détente sans me soucier de l’adversaire en face de moi ni de la cadence. Résultat plutôt positif avec 3 victoires, 1 nulle et 1 défaite, même si cette dernière est intervenue à la ronde finale alors que j’étais en mesure de gagner le tournoi. Finalement, je finis 10è avec 3,5 pts / 5 et une perf à 2056.
Ronde 1 : Je joue avec les Noirs contre un 1590 qui perd bêtement la qualité au 12è coup et affaiblit sa protection du Roi dans la foulée. Il me faudra une trentaine de coups pour venir à bout de la résistance sans espoir de mon adversaire.
Ronde 2 : Avec les Blancs contre un 1714, je dois faire face à un Gambit Benko que je joue à l’inspiration du moment. Après quelques coups, je rends le pion pour la paire de Fous mais l’avantage est léger. Mon adversaire commet cependant une erreur fatidique 23…Da8-a3 (voir diagramme) et après 24.Fb4 Da8 25. e5 Cb7 26.Fb5 la partie est complètement gagnante.
Ronde 3 : Les choses plus sérieuses commencent. Avec les Noirs, j’affronte un 2089, le n°2 du tournoi. Mon adversaire joue une ligne d’ouverture secondaire et sur ses imprécisions je peux normalement commencer un assaut à l’aile-Roi, sauf que j’opte pour d’autres manœuvres moins concluantes. Je refuse tout de même la nulle qu’il me propose. Puis il rate la poussée libératrice e2-e4 pour ensuite commettre une erreur de calcul me laissant glaner le pion central d5. Quelques coups plus tard, ma position supérieure va se transformer en gain de la manière suivante :
Ronde 4 : Pas trop de bol à l’appariement puisque je fais flotteur descendant contre le n°1 du tournoi. A vrai dire, je suis plutôt content de jouer le seul joueur à plus de 2100 elo, histoire de m’étalonner un peu. Jonathan Demanghon est par ailleurs un des entraîneurs du Club d’échecs de Rennes Paul Bert que j’ai eu l’occasion de croiser plusieurs fois à l’époque où j’étais entraîneur à Saint-Lô. Après la partie, il se plaignait de s’être un peu ennuyé ! Il faut dire que j’ai opté pour une Catalane qui ne lui a jamais permis de jouer avec l’avantage. Malgré tout, il s’avère après coup que nous avons planté chacun une boulette qui aurait pu changer le résultat final !
Maupin,J (1916) – Demanghon,J (2123)
1.d4 d5 2.c4 e6 3.Cf3 Cf6 4.g3 Fb4+ 5.Fd2 Fe7 6.Fg2 0–0 7.0–0 c6 8.b3 Ce4 9.Fc1 étrange mais pourquoi pas 9…Cd7 10.Cfd2 Cxd2 [10…f5 mène à un tout autre type de position] 11.Cxd2 b6 12.Fb2 Fb7 13.e4 Tc8 14.Tc1 Tc7 15.Dc2 Force les Noirs à prendre en e4 mais l’avantage qui en découlera ne sera que minime. 15…dxe4 16.Fxe4 pour garder la manœuvre Cf3-e5 16…Cf6 17.Fg2 c5 18.Fxb7 Txb7 19.Tcd1 cxd4 20.Cf3 Fc5 21.Cxd4 Td7 22.Cc6 Dc7 23.Ce5 Txd1 24.Txd1 Td8 25.Txd8+ Dxd8 26.Dd3 Dc7 27.Df3 h6 28.Cg4 [28.Cd3 ne donne pas plus] 28…Cxg4 29.Dxg4 Ff8 30.Dd4 Dc6 31.b4 La position est égale mais j’essaye d’avancer la majorité de pions à l’aile-Dame 31…e5 32.b5 De6 [32…exd4 ?? 33.bxc6 Fd6 34.Fxd4+-; 32…Dxb5 33.cxb5 exd4 34.Fxd4=] 33.Dd8 Dd6 34.Da8 ??
34…De7 ?? 35.Dd5 e4 36.Fd4 Ici je propose nulle car je ne pense pas pouvoir progresser et je vois pas ce que peut faire mon adversaire non plus. 36…Da3 Il continue la partie mais il n’y a pas d’avenir 37.Fe3 Dxa2 38.Dxe4 De2 39.Rg2 h5 40.h4 Fc5 ? ½–½ (voir diagramme) Mon adversaire me propose nulle, ce que j’accepte aussitôt.
Ronde 5 : La dernière ronde avec les Noirs face à un 2018 me laisse beaucoup de regrets. Au bout de 12-13 coups je jouis déjà d’un bon avantage positionnel mais je rate plusieurs bonnes occasions d’en profiter directement. Au fil du temps, à force de tergiverser, mon attaque sur le roque blanc devient moins percutante. Mon adversaire, qui n’avait fait que subir toute la partie, connaît alors le bonheur de me cueillir quand j’oublie bêtement un pion au 38e coup. La partie bascule complètement. Je continue une vingtaine de coups par inertie avant l’abandon inéluctable.